Face au rêve d’embarquer sa caméra ou son appareil photo en tous lieux, sans craindre une pluie battante, une plongée dans l’eau, ou des contrées poussiéreuses, se pose la question de la résistance de tout matériel électronique à des conditions climatiques « inadéquates ». C’est pourquoi certains appareils sont mieux protégés que d’autres. Nous allons voir en quoi consistent ces protections, et quelles machines sont les mieux armées.

Nous abordons successivement l’Indice de Protection, puis la notion de « tropicalisation« . Nous poursuivons en abordant la notion d’étanchéité qui concerne surtout la protection des Actioncam, et une partie des smartphones.

L’INDICE DE PROTECTION

Devant la zizanie que pouvait représenter un monde où chaque fabricant revendiquerait que son appareil offre la protection idéale face aux intempéries ou aux chocs, un indice de protection a été conçu. Cet indice prend la forme des lettres IP (pour Indice de Protection) suivies de 2 chiffres. Plus l’indice est grand, plus la protection l’est.

Les deux chiffres constituent deux formes distinctes de protection. Le premier chiffre désigne une protection contre les solides alors que le 2e correspond à une protection contre l’intrusion d’eau. Ainsi le 6 de IP67 équivaut à une protection contre les poussières alors que le chiffre 7 équivaut à une protection de l’immersion dans un liquide durant 30 minutes. C’est donc préférable que votre appareil soit à la norme IP68 : le chiffre 8 désigne dans ce cas un matériel submersible au-delà de 1 mètre dans les conditions spécifiées par le fabricant en termes de durée et de pression.

Retenez aussi, qu’à la place d’un chiffre, on peut avoir affaire à la lettre « x », par exemple IPx8. C’est le cas par exemple du mobile haut de gamme Sony Xperia 1 V 5G. Cela signifie qu’il est bien protégé contre l’immersion (deuxième chiffre) mais il ne l’est pas contre les éléments solides (d’où le « x »).

Enfin, il existe aussi une variante moins connue de cet indice, pour la résistance mécanique aux chocs, nommée IK, selon 11 niveaux de résistance aux chocs : IK00 n’offre aucune protection, alors que IK10 qualifie un équipement capable de résister à un choc de 20 joules (cas des caméras de surveillance par exemple).

Premier constat : cet indice est bien attribué en fonction de critères que le fabricant doit respecter.

Deuxième constat, plus invisible. L’adage « qui peut le plus peut le moins » ne s’applique pas ici. Ainsi, la certification la plus haute (IP68) ne signifie pas que le produit est automatiquement optimisé pour les indices inférieurs. Enfin troisième constat : il faut bien regarder ce à quoi s’engage le fabricant en commentaire de l’indice, le résultat (profondeur, durée, hauteur), pouvant varier d’un modèle à l’autre, pour un même indice.

LA TROPICALISATION

La fiche d’un boîtier tropicalisé reflète un produit capable de résister à la pluie, aux embruns, à l’humidité ambiante tropicale et à la poussière d’un désert ou le sable d’une plage. Tropicalisé ne signifie donc pas « étanche », ni résistant aux chocs.

En théorie, à caractéristiques égales, un produit tropicalisé vaut mieux qu’un produit homologue qui ne le serait pas. Le prix s’en ressent aussi, généralement à la hausse.

La tropicalisation est aux abonnés absents des entrée de gamme. Et dans les gammes supérieures, le niveau de tropicalisation peut s’avérer disparate. Quelques modèles annoncés comme tropicalisés parmi d’autres : les Lumix S1H / GH5 / GH6, les Nikon Z6 / Z7 / Z6 II / Z7 II, le Canon EOS 5D Mark IV, les Sony Alpha 7 III, Sony Alpha 7R V, les Fuji X-T3 / X-T4, le Pentax K-1 Mark II, ou encore le Leica Q2 (IP52)… On peut citer aussi l’Eos RP bien que Canon n’utilise pas le terme de « tropicalisé ».

Techniquement, la tropicalisation repose sur l’existence de joints toriques qui vont empêcher la pénétration de l’eau, ou celle de fines particules de poussières ou de sable, notamment sur les points de fragilité (le logement batterie, les boutons, autour du capteur, etc).

Mais il existe quelques biais liés à la notion de tropicalisation. D’abord, dès qu’on utilise une optique ou un flash non tropicalisé(e),  l’ensemble n’est plus homogène. D’autre part, le fabricant reste libre de défendre son argumentaire de tropicalisation avec un degré de protection variable. C’est pourquoi la définition de la tropicalisation est fluctuante.

Le photographe n’a d’autre choix que de faire confiance. Mais s’il parie sur une bonne tropicalisation alors que le boîtier n’est pas prévu pour un usage sous la pluie, une oxydation du boîtier ne sera visible que plus tard.

Enfin, le terme de tropicalisation est très utilisé sans répondre à une norme précise. L’Indice de protection (IP) est peu utilisé pour les boîtiers photo-vidéo car un boîtier photo n’est pas constitué d’un seul bloc comme peut l’être une actioncam.

LES CAMERAS ETANCHES

Le secteur des caméras d’action étanches est amplement occupé par GoPro ou DJI. Les deux rivaux ont réussi à perfectionner (et simplifier) beaucoup la protection puisque les modèles Hero récents et Osmo Action plongent sans boîtier sous-marin jusqu’à une profondeur de 10 à 18 mètres selon le modèle. Parfait pour le snorkeling, la piscine ou les plongées dans une mer peu profonde. A l’origine de cette étanchéité remarquable, une enveloppe robuste et des joints d’étanchéité en silicone qui calfeutrent les parties sensibles (logement de la batterie/carte, contour de l’écran…).

Notez que les GoPro récentes sont étanches jusqu’à 10 mètres, ou 16-18 mètres pour les DJI Osmo Action. Par contre, les Pocket de DJI ne sont pas étanches et ne le seront jamais étant donné leur concept.

L’étanchéité des GoPro / Osmo Action ne souffre pas de contestation. Cependant à long terme la plongée en mer peut user les joints de la caméra.

Enfin, une GoPro ou une Osmo Action ne résistent pas à tout : il faut se méfier des projections d’eau constantes (à bord d’un bateau, en rafting ou en surf).

LES MOBILES

Les mobiles ont, eux aussi, acquis des spécificités d’étanchéité certifiées.

Les smartphones étanches existent plutôt en haut de gamme. Certes ils ne sont pas conçus pour jouer le Grand Bleu ni pour remplacer une GoPro mais plutôt pour contrer les « plongeons » accidentels dans l’eau, le cas fréquent étant la piscine ou la mer à bord d’un bateau.

Ce sont donc les modèles les plus chers qui raflent la mise, c’est à dire ceux au-dessus de 700 euros et dans une moindre mesure, ceux entre 400 et 700 euros, qui sont qualifiés d’étanches même si quelques modèles moins hauts de gamme (entre 200 et 400 euros) s’octroient cette même propriété.