Capter des vues de paysages est moins fréquent en vidéo qu’en photo car la fixité d’une scène semble moins adaptée à la vidéo, symbole de mouvements. Mais les amateurs de vidéo filment couramment des paysages, pas vrai ? Le résultat n’est pas toujours conforme à ce qu’ils avaient imaginé : panoramique toussotant, lumière trop crue, scène tremblante, touriste qui gâche la vue… Alors voici mes conseils :

L’humain au coeur du paysage

L’humain est une force qui compense la fixité du paysage en l’enrichissant. Mais ce sont les vues qui posent parfois les problèmes les plus marqués de contrejour avec le visage qui s’assombrit. En photo : on utilise le flash et la tchniqu du Fill-in en plin jour. En vidéo, c’est plus ardu : il faut voir l’effet produit par la touche Backlight (Contrejour) ou jouer avec l’iris mais le risque d’éclaircir la totalité de l’image est grand, avc un rendu finalement délavé.

On peut tenter de réduire la proportion des zones claires du cadre qui sont responsables de la fermeture du diaphragme. Pour cela, parfois, il suffit de modifier légèrement le cadre ou l’inclinaison du cadre.

Bien gérer l’horizontalité

Les photographes savent depuis longtemps qu’il ne faut pas placer l’horizon au milieu du cadre pour des raisons esthétiques. Cette règle concerne aussi le cadrage en vidéo. Tentez d’accorder au ciel une proportion d’un tiers d’écran, les deux autres tiers étant occupés (ici) par la mer et la portion d’herbe où se tient cette jolie vache « à chaussettes » de Bali.

Mais parfois, on tolère des entorses à cette convention; ainsi, l’horizon peut se situer au centre de l’image si l’horizon ne se comporte pas comme une ligne droite : c’est le cas de ce terrain bosselé où l’équilibre vertical de la vue montre à quel point les vaches semblent protégées par le gigantisme des cocotiers.

Pour cadrer un paysage, l’horizontalité peut devenir la bête noire de l’amateur de vidéo. Un plan penché peut passer inaperçu sur le terrain mais une fois l’image agrandie au montage, l’opérateur est trahi par sa bévue. Problème, un paysage penché, c’est généralement affreux affreux !

Les caméras intègrent parfois des aides visuelles sous la forme d’une ligne horizontale centrale servant de repère ou celle d’une grille (deux lignes verticales et horizontales) sindant le cadre en neuf carrés identiques.

Panasonic est le champion de la compensation d’horizontalité mais la fonction est soumise à conditions et de fait, pas toujours simple à utiliser. Sur les appareils récents, elle offre un vrai recadrage dès l’enregistrement.

Mais le mieux est le niveau à bulle double. Cet accessoire permet de contrôler les niveau horizontaux et verticaux. Il se glisse sur la griffe de la caméra (quend celle-ci existe). A défaut, il faut acheter un adaptateur.

Notez que plusierus trépieds comportent d’origine un niveau à bulle. Mais celui-ci ne permet de contrôler que l’horizontalité du trépied. Du coup, les trépieds haut de gamme tout particulièrement, n’intègrent pas de niveau à bulle. Prix d’un niveau à double bulle : 21,90 à 38 euros.

Des plans fixes très animés

Un paysage est un plan fixe. C’est parfait pour la photo, mais l’immobilité semble moins adaptée pour la vidéo. C’est en partie vrai. Une première manière, « à la dure » est d’animer les plans fixes en faisant se succéder plusieurs plans selon un bon rythme. Une durée de 3 à 5 secondes par plan convient. Les contemplatifs peuvent essayer un rythme plus lent.

Une deuxième manière de lutter contre la fixité du plan est d’intégrer l’élément naturel ou humain, qui viendra animer le plan. Ainsi, le vent peut devenir un précieux allié pour agiter des feuilles derrière lesquelles vous essaayerez de positionner votre caméra.

Le mouvement peut aussi avoir pour origine une composante humaine qui se tient dans le décor : un paysan dans son champ, un pêcheur dans sa barque au milieu d’un lac de montagne, etc. Améliorez le procédé, en saisissant « l’intrus » au téléobjectif puis faites un zoom arrière lent pour dévoiler le paysage.

Panoter, recourir au 16:9 et au grand-angle

Le panoramique est un mouvement que pratiquent nombre d’amateurs pour filmer des paysages. Le panoramique semble en effet le moyen idéal pour embrasser un champ large. Mais voici quelques conseils :

-optez plutôt pour des panoramiques de gauche à droite qui se rapprochent de notre sens de lecture occidental. Ils produisent un effet plus positif qu’un panoramique droite-gauche, qui sera vécu comme  «négatif».

-préparez votre panoramique en repérant à l’avance où il se termine. Orientez vos pieds / corps vers cette direction. Puis sans bouger vos pieds, pivotez le corps de façon à diriger la caméra vers le point de démarrage du pano. En cours de pano, le corps va se « déplier » : ce sera de plus en plus facile au fur et à mesure que le pano se déroulera. Au final, le mouvement sera plus régulier, parole de vidéaste !

De l’importance d’un avant-plan

Les premiers plans ont un atout indéniable avec un paysage, c’est celui de dynamiser la vue. Ils accrochent le regard du spectateur, et procurent de la profondeur à l’image. Mais un avant-plan contribue aussi à une valeur esthétique forte car les effets du voile atmosphérique sont moins accentués sur les sujets les plus proches de l’objectif. Bref, un avant-plan judicieusement choisi, c’est une scène gagnante !

Rendre ses prises de vues stables

Le principal écueil est de filmer des paysages sans s’aider de la moindre stabilisation.

Le stabilisateur manque d’efficacité dans ce cas (même si c’est mieux que rien), préférez un trépied ou un appui naturel qu’offre parfois le terrain. Au pire, utilisez votre corps (assis) comme support improvisé de stabilisation.

L’idéal est bien sûr le trépied. La nécessité d’obtenir un plan stable s’explique par la fixité même du sujet et la composante « contemplative » qu’il dégage, qui autorise difficilement le bougé de la caméra. Et lorsque le paysage est cadré au télé à x20, la stabilité devient vraiment nécessaire…

Pour filmer des paysages, on trouve plusieurs trépieds chez Velbon, Manfrotto, Cullmann, Vivanco. Les tripodes se sont allégés grâce à des matériaux comme le carbone – les plus légers pesant entre 1 et 1,5 kg. Leur encombrement est réduit car replié, leur taille n’excède pas 40 à 60 cm. réduction également du prix : on trouve de nombreux trépieds entre 50 et 120 euros. Optez plutôt pour un modèle à attache rapide.

Le monopode est un accessoire plus léger (800 grammes maxi) et moins onéreux (50 € en moyenne) mais c’est un outil avant tout photo aux limites connues en vidéo : difficulté de panoter, et nécessité pour l’utilisateur de maintenir le monopode.