Voici 10 façons de concevoir des séquences originales pour vos vidéos de voyage. 10 idées de séquences auxquelles on ne pense pas forcément et qui sont toujours payantes pour des vidéos de voyage. Ce qui vous différenciera vraiment des autres, ce sera la qualité du contenu et l’inventivité. Amusez-vous bien à les expérimenter et montrez-les nous à votre retour !

Sommaire

  • Saisir les scènes de galère
  • Tirez profit d’un danger apparent
  • Oser les métaphores visuelles
  • Opérer des rapprochements
  • Filmer l’humain en utilisant un leurre
  • Filmer la vie et l’économie locales
  • Inspirer confiance
  • Jouer l’angle de vue original
  • Compléter ses prises de vues grâce à YouTube
  • Monter la séquence à l’envers

 

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Saisir les scènes de galère

Il faisait plus de 45° au soleil et nous étions assoiffés; le chemin très caillouteux nécessitait un 4×4 alors que nous ne roulions qu’en berline, la roue de secours venait de lâcher à son tour après une première crevaison, bref c’était une belle galère ! Impensable de sortir sa caméra dans de pareils moments. ? Eh bien, si ! L’intensité d’une vidéo étant redoublée dans les moments de galère, l’attention du spectateur n’en sera que meilleure. Bénéfice secondaire, vous revisionnerez ces scènes cocasses avec un plaisir à peine dissimulé. Surmontez la tracasserie du moment et ayez le bon réflexe. Authenticité assurée.

Saisir des scènes de galère n’implique pas de se précipiter. Vous disposerez généralement de tout le temps nécessaire car galère rime souvent avec temps d’attente : attente du dépanneur en cas de remorquage, attente d’un avion en cas de vol retardé ou annulé, attente du bus qui ne part qu’une fois rempli, attente du chauffeur qui n’est pas venu vous chercher à l’aéroport parce qu’il s’est trompé de jour ! Et tous ces exemples sont vécus.

Le conseil
Dégainer sa caméra en pleine tourmente n’est pas un acte naturel, d’autant qu’on peut s’attirer les foudres de son entourage, sidéré(e) que vous ne pensiez qu’à filmer en pareil moment ! Aussi, faites-les participer. Parlez-leur tout en filmant pour qu’ils vous décrivent la situation. Bingo, vous obtiendrez du même coup des commentaires à chaud !

Il en est de même pour ces cinq heures passées dans un bus surpeuplé qui manquait de chavirer à chaque virage à tel point qu’une petite fille devant moi avait rendu son quatre-heure ! Malgré les cahots, en extirpant votre caméra, vous aurez peut-être la chance d’obtenir une scène vivante en dépit de l’inconfort de la situation. L’idéal est de disposer d’une actioncam,  rapide à dégaine. 

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Tirez profit d’un danger apparent

Dans un genre un peu différent du thème « Saisir les scènes de galère », on peut tirer profit…. d’un danger. Ainsi, cette guêpe noire s’affairait frénétiquement autour de nous. Il faut dire que nous étions assis sur sa « maison » (un trou) que nous avions détruit sans nous en rendre compte ! La guêpe avait capturé une mante religieuse inanimée plus grosse qu’elle, qu’elle a déposée sur le sable. Puis elle a reconstruit son trou pour finalement tirer à reculons la mante religieuse ! Un autochtone qui n’avait rien perdu de la scène a murmuré « Very clever » (« très intelligente »).

Le truc
Pour filmer les insectes, restez à distance respectable et zoomez, une guêpe très affairée peut piquer si elle estime que vous allez entraver ses projets. 

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Oser les métaphores visuelles

Quelle relation établir entre un train, des pêcheurs et des fourmis ? Aucune à première vue ? Excepté qu’en empilant les trois scènes, on peut obtenir un parallèle basé sur l’idée d’effort et de traction : la locomotive entraîne la longue file de wagons, les pêcheurs hissent à plusieurs le lourd filet sur la plage et les fourmis s’unissent pour une proie dix fois plus imposante qu’elles. 

Bien sûr, ce paralèle est subtile, mais gardez à l’esprit que même si le spectateur n’a guère de chance de déclarer « tiens, c’est un parallèle intéressant » , son inconscient le lui soufflera peut-être et au pire, il trouvera la scène sympathique !

L’astuce
Disposez toujours d’un petit carnet de notes. Le modèle « à spirales » est le must. Cet aide-mémoire vous permettra de noter des idées de parallèle ou de métaphore au fur et à mesure qu’elles se présentent. Un tel carnet sert aussi à noter des idées de plans à venir, des scènes manquantes, des noms de personnes que vous risquez d’oublier bien vite, voire des références musicales locales diffusées dans les bars.

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Opérer des rapprochements

C’est une variante de l’idée précédente. Cette fois, il s’agit de réunir des vues désignant un même élément. Ainsi, ici, en Inde, l’effigie de Ganesh représenté par un corps humain surmonté d’une tête d’éléphant, est partout présente : au dos des bus, en pendentif sur le pare-brise de véhicules, en carte postale/affiche, ou sous forme de statuette.

A vous de concaténer les scènes vidéo de son effigie. Le rapprochement avec le véritable pachyderme est un plus si vous e croisez.

Attention, les rapprochements nécessitent parfois un certain sens de l’observation, comme dans le cas de cette publicité murale pour une bière et ce martin-pêcheur : j’avais filmé le plus difficile (l’oiseau sur son fil) mais je n’avais pas prêté attention à l’oiseau de la peinture murale dans un premier temps. Réunissez ensuite les vues obtenues en les insérant dans une même section de votre montage.

L’astuce
Les étiquettes des boissons alcoolisées sont souvent une sacrée source d’inspiration pour l’imagier qui peut faire ainsi des rapprochements visuels. Outre la bière indienne Kingfisher, on trouve la gazelle africaine et sa bière du même nom, la Pelforth et son pélican jaune, ou encore le Pastis 51 et le bâtiment du même nom sur le vieux port de Marseille, etc.

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Filmer l’humain en utilisant un leurre

Personne ne s’est aperçu que je prenais cette vue, pour preuve aucune prsonne ne me fixe du regard.  Pourtant, j’étais visible, seul en face de ces buveurs de thé, avec un appareil bien visible. Du reste, les clients me fixaient tous avant que je n’utilise un objectif fish-eye qui m’a permis d’orienter l’appareil de prise de vues vers le haut de cet hôtel-restaurant, comme si je filmais un des deux étages supérieurs. Cette simple inclinaison vers le haut a suffi à détourner l’attention, pendant que je filmais aussi les clients de cette buvette.

Mais le truc ne fonctionne pas à tous les coups ! Il faut aussi que la vue s’y prête, c’est-à-dire que dans le cas présent, la partie haute de votre image soit digne d’intérêt. Ici l’enseigne bien voyante de l’hôtel-restaurant et son étage supérieur un peu délabré, avaient un intérêt suffisant en termes « documentaires ».

Le matériel
Pour un tel subterfuge, il faut un fish-eye, type angle de vue dont sont capables certaines Gopro ou assimilés. Choisissez si possible un modèle qui ne floute pas trop les bords ni ne déforme.

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Filmer la vie et l’économie locale

Personne ne s’est aperçu que je prenais cette vue, d’ailleurs aucun visage ne regarde vraiment avec insistance dans ma direction. Pourtant, j’étais très visible, seul occidental en face de ces buveurs de thé, le dos contre un mur, avec un appareil bien voyant. Du reste, les clients me fixaient tous avant que je n’utilise une petite ruse. En effet, je possédias un objctif fish-eye qui m’a permis d’orienter l’appareil de prise de vues vers le haut de cet hôtel-restaurant, comme si je filmais un étage supérieur. Cette simple inclinaison vers le haut a suffi à détourner l’attention, pendant qu’en réalité, je filmais – aussi et surtout – les clients de cette buvette.

Mais l’astuce ne fonctionne pas à tous les coups ! Il faut aussi que la vue s’y prête, c’est-à-dire que dans le cas présent, la partie haute de votre image soit digne d’intérêt. Ici l’enseigne de l’hôtel-restaurant avec ses grosses lettres bien voyantes et son étage supérieur un peu délabré, avaient un intérêt suffisant en termes « documentaires ».

Le matériel
Pour un tel subterfuge, il faut un fish-eye, type angl de vue dont sont capables certaines actioncam. Choisissez si possible un modèle qui ne floute pas trop les bords et qui ne déforme pas trop.

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Inspirer confiance

Pas de secret. Pour obtenir cette séquence de pêcheurs dans un axe de prise de vues assez privilégié (de trois-quarts face), je suis resté près d’une heure, assis, sans sortir la moindre caméra. Quelques mots ont été échangés mais c’est surtout l’observation contemplative qui a prévalu. Une fois certain d’être accepté (ça se sent) et de ne pas voler l’image de ceux qu’on filme, j’ai sorti l’appareil. Cette « déontologie » du filmage fait coup double : elle permet de saisir des séquences dans une plus grande quiétude et dans le même temps, de répéter les prises de vues jusqu’à obtenir un résultat intéressant, ce qui ne serait guère possible si on filmait « en touriste » à la va-vite.

Le conseil
Si vous envisagez de filmer une activité un peu connue qui est décrite dans les guides touristiques, accordez-vous au moins 24 à 48H pour pouvoir revenir le lendemain en cas de mauvaises conditions météo ou pour affiner des prises de vues qui n’auraient pas été satisfaisantes du premier coup. Trop de touristes itinérants font des passages éclair dans un lieu, ne pouvant jamais corriger ce qu’ils ont « raté ». N’est-ce pas dommage de ne pas s’accorder un peu plus de temps pour des lieux uniques dont vous avez préparé la venue durant de longs mois et que vous ne verrez peut-être qu’une seul fois dans votre vie ?

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Tenter l’angle de vue original

Si l’on sait bien observer le quotidien, sur des lieux connus ou désertés, l’originalité de l’angle peut permettre de juxtaposer des éléments qui n’étaient pas prévus pour être confrontés initialement. Ainsi ces 3 vues auraient probablement perdu en force si elles n’avaient pas été saisies sous l’angle T et – pour « l’unijambiste » – à l’instant T !

Les monuments comme la Tour Eiffel ou le Taj Mahal sont particulièrement intéressants car on pense ne pouvoir réaliser aucune vue originale. Et on se trompe ! Il existe toujours un plan plus original qu’un autre.

Le conseil
Tournez le plus souvent possible autour de votre sujet ou s’il est perché ou lointain, essayez toutes les focales en vous déplaçant légèrement. Le flair aidant, attendez aussi que l’événement se produise, l’unijambiste n’existait ni quelques secondes plus tôt ni quelqus secondes plus tard, pourtant il était à ce même endroit !

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Compléter ses prises de vues grâce à YouTube

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Ce petit train touristique à vapeur serpentant à travers les montagnes du Tamil Nadu en Inde nécessitait un trajet de 5 à 7 heures, incompatible avec mes impératifs, mais par chance, j’avais pu saisir la fumée noire et les wagons bleu et vert de ce « Train bleu » en arrivant (par la route) dans une des villes qu’il traversait.

Ne possédant qu’une unique vue, j’ai ensuite enrichi mon plan grâce aux sites YouTube et Vimeo qui possédaient plusieurs séquences du fameux train. Les facultés de recherche sont si pointues aujourd’hui que j’ai même pu agrémenter les images d’une bande son à l’aide d’un extrait de clip où des chanteurs virevoltent sur le sommet du petit train.

Bien entendu ces emprunts doivent être exploités à titre strictement privé. Et il n’ont de sens que si vous cherchez des plans de complément à partir d’images que vous possédez déjà du sujet.

Le conseil
Choisissez bien votre « emprunt » à YouTube, la première vidéo venue n’est pas nécessairement la bonne !

 

Monter la séquence à l’envers

Je cherchais à raccorder ce plan rapproché de mosquée à une vue lointaine de cette même mosquée, reconnaissable à ces deux minarets. Problème, bien que les plans se suivaient dans le montage, le spectateur ne faisait pas toujours le lien car mon premier plan de mosquée se terminait par un panoramique montrant le chemin vers la plage. Dans la mémoire du spectateur, la vue lointaine de la mosquée s’enchaînait donc en réalité avec la plage. Aucun rapport.

Pour que le raccord passe mieux, j’ai inversé le premier plan de mosquée à l’aide de l’effet du même nom et ainsi, la vue des minarets en plan rapproché s’est vraiment enchaînée avec les minarets vus de loin.

Le truc du truc
Un oeil très avisé remarquera le subterfuge de l’inversion du sens du plan à la façon dont les feuilles des arbres s’agitent bizarrement et au son à l’envers. Côté son, il suffit bien sûr de le séparer de la vidéo et de le remettre à l’endroit. En revanche, côté image, il faut bien sélectionner les images inversables. Pour cela, il faut simplement éviter toute présence humaine ou animale (le moindre geste peut trahir une inversion) ou tout objet mobile (véhicule…). Tout le reste passe.