Le montage d’un film est une alchimie un peu mystérieuse, moins évidente à comprendre qu’une photo. Aussi je vous propose le découpage d’une vidéo que j’ai filmée au Vietnam, à Hanoi. Elle s’intitule « Fragments ». Et justement, un montage, c’est un puzzle dont on tente de réunir… les fragments !

La vidéo a été filmée avec un boîtier Lumix à monture micro 4/3. J‘ai tourné à l’époque avec un GH3 ainsi qu’avec le matériel suivant :

-2 objectifs micro 4/3 12-35 mm et 14-140mm

-2 batteries dont 1 générique achetée auprès d’un vendeur réputé, qui a bien fonctionné pendant 3 ans.

-1 trépied Velbon

-1 sac à dos photo Lowepro.

-5 cartes mémoire : 3×16 Go + 2×32 Go de diverses marques

Je prévois toujours dans mes vidéos de laisser un « espace visuel » dans un plan. Celui-ci me sera utile pour y insérer un titre. L’emplacement de ce titre a donc été préparé dès la prise de vues. Mais je vous conseille de prévoir deux ou trois plans de ce type au cas où le premier ne conviendrait pas aussi bien que vous le pensiez…

La prise de vue a été obtenue sur trépied hissé sur un chemin en escalier interminable constitué de marches hautes. La focale utilisée : équivalent 280 mm. Il fallait bien un trépied pour cela !

Les tremblements du GH3 sont pénibles si l’on filme un objet de près. J’ai donc stabilisé le plan en post-production grâce au stabilisateur intégré à Final Cut Pro X. Celui-ci recadre légèrement l’image. Mais si le mouvement n’est pas trop prononcé, l’impact du recadrage est faible et la vidéo subit une perte en définition presque négligeable.

Anecdote : j’ai acheté ce radio-réveil en vente à la sortie du temple vietnamien… car nous étions les seuls et uniques touristes du moment et les affaires n’allaient pas fort pour les vendeuses !

Je me suis rendu sur ce lieu situé à moins de 40 kms de Hanoï, cité de 8 millions d’habitants qu vinnent grossir des milliers  de visages pâles (et moins pâles) du monde entier en ce 24 décembre. Pourtant je n’y ai vu ni car ni touriste individuel durant la matinée entière sur ce site majestueux où un certain nombre de scènes du film Indochine de Régis Wargnier ont été réalisées.

C’est pour moi une démonstration de ce que j’appelle la théorie du mouton : les touristes vont là où les autres touristes vont. Mais il suffit de s’éloigner de quelques kilomètres pour trouver des sites désertés.

Le phénomène a été accru par le fait que les tonalités de cette matinée étaient très grises. Le GH3 a bien réagi  en reproduisant fidèlement l’aura brumâtre dans laquelle baignait le temple. Huit secondes ont été requises à la contemplation du plan. Les plans fixes n’excèdent pas 4 secondes en général et encore, certains considèrent que c’est très long ! 🙂

L’optique Lumix X Vario 12-35 mm f/2,8 est une optique assez chère (presque 1000 euros) mais un caillou respectable. Ce fut le 1er zoom à ouverture constante, me permettant de contenir le champ de ce monument (équivalent 24 mm). Les bords sont dénués d’aberration. L’absence de distorsion géométrique et la bonne netteté sur les bords sont à mettre au crédit de l’optique micro 4/3.

J’ai effectué ici un rack focus, c’est à dire un changement doux (on peut en faire des rapides) de mise au point de l’avant-plan vers l’arrière-plan (ou vice versa). Pour maîtriser ce type de mise au point en faisant peu bouger le boîtier photo, on peut utiliser le pavé tactile sur écran des « GH » (GH3 / GH4 / GH5) qui permet de faire le point à l’aide d’un carré jaune qui fait la mise au point sur la zone que vous pointez avec le doigt.

Cet effet de flou nocturne ne peut être produit qu’avec un capteur suffisamment imposant. Même si le format micro 4/3 n’est pas considéré comme une grosse cible, il permet de produire de beaux bokehs selon la luminosité ambiante et la focale utilisée. En regard d’un boîtier Full Frame, l’effet de flou produit est comparable dans ce cas précis.

J’obtiens ici, avec le Lumix 12-35 mm, un équivalent 24 mm sans déformation ni aberration, avec ce léger flou d’arrière-plan qui n’aurait pas été aussi marqué avec un plus petit capteur. A noter le silence total de la mise au point sur cette optique.

Voici un effet de cadrage obtenu avec l’optique 14-140 mm dont l’équivalent 280 mm convient à bon nombre de situations. Un plan dont le rendu est allé au-delà de mes espérances.

Sauf à vouloir filmer les pupilles d’un lion en très gros plan (!), l’optique 14-140 mm est pratique car elle couvre bon nombre de types de plans, malgré son ouverture modeste (f/4-5,8 mm) qui m’a fait opter pour l’optique 12-35 mm à d’autres moments. Ici le dessinateur est bien net et l’arrière-plan flou, permettant à l’artiste de se détacher.

Pour des focales plus imposantes, Panasonic propose un 100-300 mm f/4-5,6 pour 450 euros, avec stabilisateur intégré. Il équivaut donc à un 200-600 mm.

Les GH3 et GH4 sont déficients en marchant car la stabilisation du boîtier n’existe pas et celle des boîtiers est précaire. Le GH5 a en partie résolu le problème.

Mais dans cette scène, j’ai souhaité justement accentuer les secousses de la marche pour mieux faire ressentir le stress (relatif) du piéton ou du vélo qui ne sont jamais complètement prioritaires dans les artères vietnamiennes et doivent souvent traverser… rapidement !

Un accéléré à 300%. Le son de la scène n’est pas conservé en cas d’accéléré. J’ai bien tenté d’ajouter un son de rue extrait d’une autre scène, mais j’ai préféré laisser la musique « masquer » le plan accéléré.

Lorsque j’ai vu cette femme au chapeau (au centre de l’artère) remonter le flot incessant des véhicules roulant à vive allure, j’ai senti que la scène devenait intéressante. Tous les véhicules ont bien entendu évité la femme qui n’a pas bronché, remontant la rivière des véhicules, telle un saumon.

Je suis passé au mode Accéléré du GH3 que j’ai paramétré à 200%. Un piéton marchant moins rapidement qu’une voiture, la femme au chapeau donne l’impression de marcher « lentement ».

Le boîtier reflex est discret. Bien que les reflex fassent de da vidéo depuis 2008, un reflex, ça fait encore de la photo et seulement de la photo dans l’imaginaire commun. Conséquence, la plupart de ceux que vous filmez croient que vous prenez une photo qui va durer une petite seconde, ils n’y prêtent donc pas attention et détournent leur regard assez vite.

Mais cette discrétion du reflex est paradoxale car celui qui filme prend le temps nécessaire à une séquence vidéo, ce qui peut provoquer une suspicion. Mais globalement, un reflex reste bien plus discret qu’une caméra, surtout dans les pays à forte concentration touristique (cas du Vietnam) où le boîtier photo a toutes les chances de se fondre au milieu de milliers d’autres appareils.

Enchaînement avec un panoramique droite-gauche. Le plan manque un peu de régularité. J’ai souvent rencontré ce souci avec le GH3. Sans accessoire comme les RIG, un reflex semi-léger n’est pas très approprié pour réaliser des panoramiques réguliers à main levée.

Le cadrage vidéo s’inspire souvent de la photo. Ici, c’est en raison du contraste marqué entre la partie gauche et droite du cadre – la luxuriance des végétaux et la motorisation constante de l’autre – que j’ai voulu me servir de la rambarde du pont qui sert de « ligne de démarcation ». J’ai aussi choisi cette vue pour la perspective qu’elle offre en arrière-plan.

Je marchais depuis longtemps quand j’ai entendu ces oiseaux exotiques dans des cages. Les « GH » permettent d’afficher en bas à gauche de l’écran / viseur le niveau du Micro pour contrôle.

Les GH ont accompli des progrès sonores. Sur le GH3, la qualité sonore est tout à fait probante : l’enregistrement sonore s’effectue via le micro stéréo situé de part et d’autre part de la griffe. Si besoin, on peut exploiter la prise Micro dédiée pour y connecter un micro en mini-jack. Dans ce cas, ce dernier prend le dessus sur le micro interne (pas de mixage possible).

En revanche, si on manipule la bague des focales ou si l’on actionne l’une des molettes de sélection en cours d’enregistrement, les bruits de manipulation s’entendent.

Sans le 140 mm, je n’aurais jamais pu évoquer de cette façon le mystère de cette voie ferrée sur le pont Long Bien à Hanoi.

Les assiettes rondes désignent les plats du Vietnam. Je souhaitais les capter tous. Avec le 14-140 mm, impossible car j’étais au 1er rang, seul le grand-angle 12-35 mm y est parvenu. Simple mais utile à anticiper.

Cette scène en apparence toute simple a nécessité une bonne dose de patience pour filmer la bonne personne au bon endroit. Moralité : l’attente est souvent la meilleure alliée du photographe !

Lorsqu’on règle le GH en mode 24p, la texture de l’image se rapproche de celle des caméras à plus gros capteur. Ici, le piqué de l’image, le rendu cinéma, est criant. La texture est si gratifiante qu’elle vous donnera peut-être l’envie de tout filmer en 24p ! Mais attention le 24p se prête mal aux panoramiques en raison des risques de saccades.

Cette scène été ralentie à 50%, au montage et non pas à la prise de vues. Si le sujet qui bouge mais que  la caméra reste fixe, le résultat d’un ralenti logiciel est convaincant. Dans le cas contraire, je préfère obtenir le Ralenti à la prise de vues.

 

Ici, le ralenti est produit par le GH3 en mode création de film. La fréquence d ‘images passe alors à 24p. On peut moduler le Ralenti selon trois % (40, 48 ou 80%). La vue ci-dessus a été ralentie à 48%.

Ce plan a été obtenu en 24p alors que la nuit commençait à tomber sur ce pont d’Hanoi. Le rendu doux et le léger effet de filé ont été produits en Automatique. J’ai pu bénéficier d’un muret pour me stabiliser complètement. L’ambiance était surréaliste…

Le rendu nocturne oblige à débrayer les automatismes, car les GH ne sont pas excellents dans ce domaine, comparés à des reflex 24×36 au grand capteur. J’ai obtenu un résultat à peu près satisfaisant sur cette vue après avoir beaucoup tâtonné.

Un plan qui boucle le début de la vidéo. Vous l’aviez compris… ? Un p’tit truc qui permet de terminer un film quand on n’a pas d’inspiration…