Des trombes d’eau déferlaient sur Padang, la deuxième ville de Sumatra, lorsque nous sommes arrivés de nuit sur le tarmac de l’aéroport. Un déluge pour nous. Juste une averse un peu forte pour les locaux, rompus à ce que les éléments naturels se déchaînent. On rappellera entre autre événément, que la région, assise sur une faille sismique, est régulièrement secouée par des tremblements de terre, à l’instar du Tsunami de 2004 dont l’épicentre était situé à environ 800 kms plus au nord.

Gentiment, un homme d’affaires trentenaire qui avait discuté avec nous dans l’avion, nous a proposés de nous aider. Nous avions prévu de prendre un taxi mais sa proposition était bien plus conviviale ! Sa femme, accompagnée de son enfant, était venue chercher l’homme à l’aéroport en voiture. Nous nous sommes glissés avec eux dans l’habitacle, pendant que les trombes d’eau s’abbattaient, je ne sais pas comment nos bagages ont pu tenir dans le coffre, un petit miracle déjà à Sumatra !

Les essuie-glace ont dû accomplir un balayage frénétique pour repousser l’eau dégoulinante qui venait claquer le pare-brise. A la faveur d’une méprise sur le nom de l’hôtel, nous avons atterri dans un des hôtels les plus crasseux que nous ayons connus. La salle d’eau était en réalité une grande baignoire carrée remplie à moitié par une eau jaunâtre qui croupissait au fond… C’en était presque risible. Cependant chaque chambre donnait sur un couloir extérieur qui permettait de sortir de l’exiguïté de la chambre et de contempler le quartier situé proche de la mer. Après avoir « dormi » à peine une heure, excités par l’arrivée dans ce lieu aussi étrange qu’étranger, mais surtout, réveillés à 4H30 par le son pénétrant d’un muezzin tout proche, nous sommes repartis le lendemain… Direction : le lac Maninjau à environ 120 kilomètres…

 

C’est à Maninjau que nous avons élu domicile. Maninjau, c’est un lac somptueux, une caldeira, vaste dépression qui forme un cratère rempli d’eau. Ce n’est d’ailleurs pas la seule à Sumatra, il en existe une autre, plus au Nord, qui a formé le lac Toba. Le lieu est « touristique » mais ce terme à Sumatra est à interpréter d’une certaine façon. Les centres d’intérêt comme Maninjau étant très enclavés, ici pas de bus de touristes, mais un tourisme à visage humain, égayé de voyageurs aguerris ou de routards au long cours…

L’intérêt photographique du lieu s’impose comme une évidence. Selon l’heure de la journée et les intempéries éventuelles de fin de journée, les paysages de Maninjau prennent une allure tour à tour fantomatique ou paradisiaque. L’enclave que forme le lac Maninjau est telle qu’on se sent un peu au bout du monde… On descend d’ailleurs vers le lac, de façon vertigineuse, depuis la route venant de Bukkitingi ou de Padang en empruntant des épingles à cheveux comme vous en verrez rarement…

Les centres d’intérêt photographique ne sont pas que paysagers. De nombreux vélos à louer permettent de faire le tour du lac (environ 50 kms) en une journée, car le terrain est merveilleusement plat, et les rares côtes sont peu accentuées. C’est un réel plaisir de s’arrêter et de photographier la population locale, les enfants,  les petits riens qui font les bonnes photos, ou plus folkloriques, les singes, « dressés » pour aller chercher les noix de cocos dans les arbres….