Associer drone et voyage semble logique vu la prolifération de ces merveilleux engins volants, et de leur réduction de taille, facilitant leur transport. Mais une telle perspective, aussi louable soit-elle, n’interdit pas de s’interroger sur celle-ci.

Si vous n’êtes pas réfractaire à l’idée qu’un adorateur de technologie ose le sacrilège de remettre en cause le plaisir du drone, gardez  à l’esprit que je me fais l’avocat du diable, moi-même tenté l’espace d’un instant, par l’utilisation d’un drone en voyage.

Mais filmer depuis un drone pose de nouvelles questions, qu’il m’a semblé légitime d’exposer. Commençons par le début.

La problématique du point de vue

Ce qu’enregistre la caméra du drone, c’est presque toujours ce que vous n’avez pas réellement vu, en tout cas pas du tout de la même manière, simplement parce que vous ne pouvez pas distinguer la vue depuis un angle inaccessible.

Le drone au contraire va pouvoir évoluer au-dessus d’une forêt, franchir une falaise, surplomber des maisons ou longer une plage de sable blanc depuis la mer. Autant de « points de vue » (au sens cinématographique du terme) parfaitement virtuels comme s’ils avaient été réalisés sur ordinateur ou que vous les distinguiez sur un jeu vidéo.

Le point de vue de la caméra n’est donc pas celui que vos yeux ont vu. Grâce ou à cause du drone, vous découvrez en images un chemin, un terrain, que vous n’avez pas réellement parcouru.

Et alors, me répondrez-vous ? Où est le problème ! Le problème, est que le plaisir de la photo ou de la vidéo de voyage est étroitement lié à votre ressenti au moment même où vous avez découvert  le lieu. Avec la vision du drone, c’est un autre tracé – aérien – que vous visionnez, mais pas celui que vous avez vécu. Ainsi, si le drone évolue autour d’un massif alpin, les images, d’une parfaite fluidité, s’inscriront à l’opposé des efforts constants que vous avez dû consentir pour gravir la montagne. Le lieu est « déréalisé » comme disent les psychologues. Vous êtes presque dans la situation de quelqu’un qui regarderait le film de quelqu’un d’autre. J’exagère. A peine… 🙂

Il existe une alternative pour remédier à ce problème. C’est celui de combiner des vues sur le terrain et des vues de drones. Parfois certains s’y essayent. Mais le plus souvent, la vue depuis un drone « remplace » celle, différente et complémentaire, qu’on aurait pu faire sur le terrain.

La caméra du drone n’enregistre pas les sons du terrain

C’est un des paramètres les plus évidents lorsqu’on fait voler son drone, et pourtant c’est un aspect dont on ne fait pas grand cas une fois les images tournées : le son. Eh oui, enregistrer le son d’un drone, c’est un peu bizarre. Ou plutôt bruyant. Les drones sont tellement sonores que le bruit qu’ils génèrent rend la bande son inexploitable. C’est pourquoi tous les films de drone – à de très rares exceptions près – sont musicalisés.C’est quand même bête de s’être battu depuis 20 ans pour dire aux constructeurs d’améliorer le son des caméras (je peux en témoigner) et de se retrouver avec un engin qui n’enregistre ou ne peut enregistrer aucun son, un comble ! On se console en se disant que le son n’est pas mauvais, il est absent.

On m’avait appris que le son, c’était 50% d’un film. Vos images de drone perdent donc 50% de leur potentiel de réalisme. Mais après tout, si en voyant le bord de mer, le bruit du ressac ne vous manque pas, pourquoi se lamenter ? 🙂 Et la post-sonorisation permet éventuellement de puiser des sons dans des banques ad hoc.

Tout de même, les petites caméras actioncam ont encore cette supériorité sonore, un comble, elles qui étaient considérées comme de mauvaises « captatrices » de sons.

Mais soyez en sûrs, le jour où le drone ne fera plus de bruit, je ne ferai pas le même procès d’intention.

Ci-dessus, vidéo attestant du bruit du drone.

Drone à l’étranger : les autorisations pays par pays

C’est une préoccupation concrète. Alors qu’en France, la législation sur les drones est bien structurée et assez « équitable », la situation est plus contrastée dans un certain nombre de pays.

Commençons par les bonnes nouvelles : dans plusieurs pays, vous pourrez filmer comme vous voulez ou presque. Dans d’autres, les contraintes vont de la simple interdiction de survol de certaines zones à l’obligation de requérir une autorisation officielle qui risque de vous décourager, ou qui vous incitera à passer outre, vous exposant à des complications ! Il faut ajouter la simple méconnaissance des zones de survol, par manque de précision des autorités officielles. En France, on est gâté par le site gouvernemental Géoportail qui fournit de précieuses informations sur les zones de survol. Mais les pays étrangers, même parmi les plus touristiques, ne sont pas logés à la même enseigne.

Il est assez difficile d’enquêter pays par pays, mais nous avons essayé avec l’aide des retours d’expérience de dronistes et les textes en vigueur. Conclusion : la législation pour les drones dits « de loisir » reste très contrastée. Voici les grands types de situations auxquelles vous attendre selon les pays (sachant que la législation peut évoluer bien sûr), et sachant que notre conseil impératif est de vous renseigner à l’ambassade du pays visité, avant d’embarquer votre drone.

Autorisations sans restrictions (autres que les règles usuelles en matière de drones) :

Ces autorisations sont accordées mais vous devez respecter les mêmes consignes (ou quasiment) qu’en France, c’est à dire : ne pas perdre de vue son drone (et 150 mètres de distance maxi), ne pas survoler des zones militaires ou aéroports, ne pas voler au-dessus des villes, des humains, etc.

Demande d’autorisation nécessaire :

  • Allemagne,
  • Belgique (infos contradictoires)
  • Colombie (si usage commercial, sport, ou compétitif) (voir doc)
  • Italie,

Permis, licence nécessaire :

  • Autriche,
  • Iran (avec risque de prison de 6 mois)
  • Irlande

Risque de confiscation du drone (!) à la frontière,

  • Brésil
  • Maroc

Le drone est généralement restitué lors du vol retour, mais certains témoignages entretiennent le flou. Quelques pays autorisent les drones à condition que vous achetiez le modèle sur place. Ce semble être le cas du  Brésil ou du Maroc qui appliqueraient cette législation franchement dure. En cas de doute, demandez aux autorités locales du pays visité.

Si vous déplorez une absence de réponse ou si vous n’êtes pas certain d’avoir compris la réponse, réfléchissez bien avant d’emporter votre drone. Dans tous les cas, on le répète, isolez-vous le plus possible des gens, des villes et des animaux, et conservez toujours votre drone en vue. Ne négligez pas non plus les aéroports français. Beaucoup de remontées d’utilisateurs font état de contrôles pointilleux à Roissy Charles-de-Gaulle notamment. Et gardez votre flegme, hein. 🙂

Poids et dimensions des drones

Les drones sont de moins en moins encombrants et ils tiennent dans une grande poche ? C’est vrai pour un Mavic pro, un Parrot Bebop 2 ou un Spark qui arguent de mensurations et d’un poids compatibles avec le transport en voyage. Le Mavic pro  n’excède pas 83 x 83 x 198 mm pour 743 grammes. Et le Spark DJI se limite à 300 grammes seulement pour 143×143×55 mm.

Pour autant, à l’heure du Minimalisme et du Voyager léger, un drone seul, ça n’existe pas. Vous emportez souvent une seconde batterie + un chargeur + une télécommande + une éventuelle tablette + un sac de transport. Comptez entre 1 et 1,5 kilo de plus. Et je parle des drones les plus petits type Mavic Pro ou Spark. Cet équipement vient parfois compléter d’autres appareils plus conventionnels tels que l’appareil photo et / ou la caméra, un trépied, quelques accessoires, etc. Bref, un matériel de plus à surveiller…

Voyager avec un drone ou Droner en voyageant ?

A titre personnel, je suis souvent confronté au choix cornélien du photographe voyageur : savourer le plaisir du voyage tout en ayant le temps de photographier. Parfois, je ne profite pas réellement d’un lieu parce que j’ai l’oeil perpétuellement rivé au viseur. S’ajoute le dilemme de la double prise de vues. Enfin, lorsque vous voyagez accompagné (e), votre alter ego peut ressentir un certain délaissement que vous serez peut-être amené à gérer un jour ou l’autre ! 🙂
De ce constat déjà difficile, le drone pose une préoccupation supplémentaire. Celle de passer « un certain temps » à faire évoluer votre drone alors que vous êtes censé… voyager ! Certes, les deux activités sont compatibles. Mais le drone nécessite repérage, préparation, essais, tournage et souvent, répétitions.  Bref, le drone monopolisera ou rythmera votre voyage. Alors foncez mais ne négligez pas la question du temps que vous consacrerez à votre activité de droniste.

Un drone, c’est cher

Le crash d’un drone n’est pas exclu. Je commence à cumuler les témoignages d’accidents et j’y suis moi-même passé avec un tout petit crash d’une hauteur de 3 mètres dans l’herbe. Le drone volait toujours mais était quand même endommagé 🙂

La question du crash plus violent se pose, surtout que l’aéronef peut dévaler un endroit montagneux ou se retrouve coincé sur un arbre inaccessible.

Certes, le drone n’est pas le 1er appareil qui aura été victime d’un accident ou d’une chute, mais le problème du drone est accru par son caractère spécifique (il vole), sa hauteur (il peut tomber de haut), les terrains sur lesquels il évolue (il peut tomber dans la mer ou dans une rivière), et par sa cherté.

Se pose la question du coût d’un produit « accidentogène ». Vous seul pouvez répondre à cette question…