Ormuz. Une géographie finalement mal connue car la simple évocation de ce nom (qui s’écrit aussi Hormuz), renvoie à détroit, navires marchands, pétrole, et conflits maritimes. Pourtant le détroit d’Ormuz, dans sa partie la plus proche de la côte iranienne, au large de la capitale économique Bandar-Abbas, est aussi un lieu magique et un havre de paix pour touristes connaisseurs. On y trouve une très grande île – l’ile de Qeshm – et la petite île d’Ormuz (Ormuz Island), d’une superficie de 42 km2 seulement, qui attire les voyageurs avisés et les iraniens en quête de fête psychédélique raconte-t-on…
Il faut dire que l’ïle d’Ormuz, très ancienne colonie portugaise (un fort décati y est visible non loin de l’embarcadère), est un ravissement géologique et un plaisir photographique de tous les instants, si l’on sait gérer le soleil ardent qui plane sur cette région environ 8 mois sur 12 ! Du coup, les mois les plus propices pour se rendre à Ormuz se situent entre novembre et mars. Le mois d’avril is the last chance comme on m’a résumé la situation avec un sourire. Et avant ou après, too hot ! Mais passons à quelques idées imagières.
Sur l’île, il faut avant tout savoir observer. Parfois les roches d’Hormuz donnent lieu à toutes sortes de formes insolites, à l’instar de ce profil très humanoïde près duquel je me suis amusé à m’auto-filmer. Une présence humaine permet par ailleurs de donner une échelle à ces roches de taille parfois gigantesque.
Les plages de l’île d’Hormuz sont connues pour être aussi belles que colorées. Celle-ci, la plus célèbre sans doute, surnommée la plage de sable rouge, est justement revêtue d’un sédiment rougeâtre qui se propage jusque dans la mer, venant la colorier par cette teinte inhabituelle (une mer, c’est bleu ou vert). Cette richesse de couleurs vaudra plusieurs clichés très probablement, bien plus intéressants que de singesques selfies.
Aspect lunaire, sol géologique montrant « à nu » ses différentes couches de sédimentations, montagnes de gypse, grottes aux cristaux… La magie de l’ïle d’Hormuz vous permet de créer des photos ou des vidéos réellement insolites.
Le tuk-tuk vous déposera peut-être dans un des nombreux sites irréels de l’île d’Hormuz comme cette falaise somptueuse au flanc de laquelle – qui sait – vous entendrez peut-être la mélodie d’un musicien, assis comme un sage bénissant ce lieu.
La traversée de l’île s’opère généralement en tuk-tuk. C’est l’occasion si vous filmez de réaliser de très jolis travellings. Comme la route est jonchée de trous, il vous faut une caméra type GoPro qui puisse absorber parfaitement les cahots causés par le sol inégal, jonché de crevasses. Au visionnage, ensuite, vous obtiendrez des plans payants !
L’ile d’Hormuz, comme sa voisine, Qeshm, se caractérise par la présence de femmes masquées, affublées d’une sorte de masque en métal avec moustaches. Tradition ou asservissement de la femme, je ne m’étendrai pas sur la question. En principe il ne faut pas les photographier à l’instar des femmes en tchador dans le reste de l’Iran. Je me suis fixé la règle de ne jamais les saisir en gros plan et plan moyen, mais seulement de loin. Mais il y a une autre règle, celle du non-consentement. Aveuglé par la réverbération du soleil, et n’ayant utilisé que l’écran, je distinguais surtout la chevelure des deux touristes à droite, alors que le voile est obligatoire en Iran, touristes comprises bien entendu ! Mais sur Ormuz, il y a comme un statut à part, non-officiel. Du coup, je n’ai pas vu que la femme masquée faisait des signes de protestation dans ma direction, très probablement pour signifier que j’étais en train de la photographier et qu’elle était en désaccord. J’étais pourtant bien à 25 mètres d’elle, suffisamment éloigné de la scène. En revisionnant les images, j’avoue avoir été dans le doute car je ne filmais pas une personne précise mais un groupe de personnes dont elle faisait partie. L’aurais-je quand même filmée si je m’étais aperçu de son opposition sur le moment ? Peut-être pas. Mais le temps de comprendre (elle répète son geste plusieurs fois), je pense que le « mal » aurait été fait.
Une vidéo-essai réalisée durant ma présence sur l’île d’Hormuz en avril 2019. Certaines images sont également prises à Bandar-Abbas. Vidéo : © magazinevideo.com / Thierry Philippon
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